Emile Combes et la princesse carmelite de Jean Baubérot

Sacré surprise! Le petit Père Combes, le symbole absolu de la laïcité, l'empereur de la destruction du rapport entre l'Eglise et l'Etat, l'anticlérical notoire...bref, le petit père Combes, honni des curés, était amoureux d'une religieuse, et en plus, une princesse.. De quoi vous faire avaler votre bénitier tout entier, avec les grenouilles.
Et il paraît que ce n'est pas une blague, mais la vérité vraie...
Et il est bien sympathique, ce vieillard dont les sens et l'esprit se réveillent à plus de soixante ans, en voyant sa princesse aux pieds nus... et plus étonnant, ce sont les lettres enflammées de la jeune princesse qui, normalement, avait déjà épousé le Christ... Mais se sentait des douceurs pour Emile Combes...

Le tout sur fond de troisième république très agitée en ce début de siècle, entre les querelles Dreyfusardes et les querelles entre religieux et radicaux...

On y retrouve tous les grands hommes poliltiques de l'époque, avec leurs grandeurs et leurs petitesses, leurs magouilles et leurs discours..
Décidément, cette période mérite qu'on l'étudie de plus près. J'ai l'impression que tous les grands mouvements politiques sont là en gestation, et le petit père Combes mérite qu'on s'intéresse à lui de plus près.
Pour lui, la séparation de l'Eglise et de l'Etat devait permettre de financer la retraite des travailleurs, et il a assisté, impuissant, puisqu'il n'a pas mis la loi en application, au partage des gâteaux, laissant les retraites à une époque beaucoup plus lointaine.

Quant au traitement de l'histoire par l'auteur, elle se fait à plusieurs niveaux, entre un chercheur à notre époque qui découvre tous ces échanges épistolaires et la création du journal intime de combes.

C'est frais, bien écrit, et on sent que Jean Baubérot a pour Emile Combes les yeux de Jeanne Bibesco.