Another Year de Mike Leigh

Londres, une jolie maison, conviviale, avec une serre, un petit jardin derrière, où des enfants peuvent jouer, balançoire, cabane en bois... un couple d'une soixantaine d'années, qui ne s'est pas quitté depuis quarante ans, qui cuisine ensemble les légumes de leur petit jardin potager, que l'on suit au fil des saisons, qui lit ensemble, écoute de la musique ensemble, voyage ensemble...en plus, ils font des métiers qu'ils aiment: elle est psychologue dans un centre médical, il est géologue. Pas de problèmes d'argent, et un fils avocat sympathique et drôle... Bref, l'idéal sur terre....

Mais autour d'eux, ce n'est pas le bonheur.. Il y a Mary, qui n'arrive pas à nouer une relation stable. il faut dire qu'à être tellement autocentrée, à ne parler que de soi, on fait fuir le chaland...Même si physiquement on a de beaux restes, on sent bien que la cinquantaine est proche...alors elle boit et s'accroche à ce couple qui représente tellement l'idéal qu'elle voudrait atteindre...

Il y a Ken, le copain d'enfance, qui n'en peut plus de solitude et d'amertume parce que sa jeunesse s'est enfuie, alors il boit et il mange... Trop.
Il voudrait bien entamer une relation avec Mary, mais elle, c'est sur le fils de la famille qu'elle a jeté son dévolu, en dépit de la différence d'âge. Alors, lorsqu'il ramène une fiancée, elle s'effondre physiquement et moralement, rattrapant d'un seul coup toutes les années qu'elle croyait avoir dissimulées.

Quant au frère, lorsqu'il perd sa femme, on se demande quelles pouvaient bien être les relations dans cette autre famille, au vu de la pauvreté de la maison, de la haine déversée par le fils...

Il ne fait pas bon avoir des amis parfaits...La chute est trop dure lorsque l'on vit une autre réalité.

Le film est lent, on a le temps d'entrer dans la psychologie des personnages, depuis les tasses à thé du club de foot, jusqu'aux plants de tomates que l'on pourrait humer et toutes ces bouteilles, vin, bière...
Les couleurs de la moquette ou du canapé, on a le temps de tout voir, de tout comprendre par le truchement des objets.. La plongée dans la misère à Hull est terrifiante, les murs noirs, l'absence de lumière...
C'est du grand art à petites touches pour décrire la tristesse de la solitude, surtout lorsqu'on a pour amis un couple lumineux!