Le Nom des Gens de Michel Leclerc

Quel plaisir de voir une comédie qui soit à la fois drôle et intelligente, qui brasse sans arrêt des notions de société mais pas sous une forme prise de tête, sous une apparente légèreté.

Entre la jeune beurette qui a subi les assauts d'un pédophile dans son enfance et se transforme en diva du sexe pour la bonne cause: transformer tous les fachos en hommes de gauche ou en écolos repentis, qui ne considère pas son corps comme une urne à préserver, mais l'affiche sans honte ni pudeur, au point de prendre le métro nue, sous le regard effaré mais concupiscent d'un islamiste dont la femme est, à côté de lui, voilée...Son père refoule le sentiment de culpabilité qu'il a éprouvé à la mort de sa famille pendant la guerre d'Algérie, en voulant à tout prix rendre service à tout le monde. Sa mère fait partie de ces passionnarias prêtes à tout pour sauver le monde, et pleure quand elle se rend compte que ce n'est pas Danièle Miterrand qui a favorisé l'intégration de son mari, mais Anne Aymone Giscard d'Estaing...

Quant au personnage d'Arthur Martin, dont, bien sûr le nom va provoquer sans cesse des commentaires...Il est le fils d'un homme que nous voyons toujours au même âge : vieux, parce que son fils ne peut pas l'imaginer jeune.. donc, il étudie à la fac, vieux, il se marie, vieux... Avec une rescapée de la Shoah, qui refuse de parler de ses origines. Tous deux, scientifiques, ils se passionnent pour toutes les inventions nouvelles... J'ai cru un moment être chez mes parents... tout ce qui venait de sortir, on l'avait... Mais on a échappé à la super zapette téléscopique...

Bref, ces deux là vont se rencontrer sur un malentendu, puisqu'elle croit qu'il est un français de droite de pure souche, alors qu'il fait partie d'une secte qui a de moins en moins de membres : les jospinistes, dont je fais encore partie....il la pense brésilienne ( Bahia)

Bref, l'amour entre ces deux là ne sera pas facile, puisqu'il faudra passer au delà des problèmes familiaux ( ah, ce repas de famille où l'on ne peut rien dire, là aussi, j'en ai connu...) au delà des traumatismes de l'enfance pour arriver à fonder une famille.. Et le pauvre petit Chang...Dont la première promenade se fait dans le parc de Bagnolet au dessus de l'autoroute A3, quelques jours après l'élection de Sarkozy...

C'est peut être parce que j'ai reconnu un grand nombre de scènes familiales que je me suis autant régalée, comme j'avais adoré " tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents communistes"

Et moi aussi, j'ai pleuré quand j'ai dû voter Chirac en 2002...
Bref, ce film brasse tous les clichés de nos dix dernières années, l'écologie, les pandémies, l'identité nationale, les préjugés de toutes sortes, et de tous bords...
Un régal pour l'intelligence, et en plus, on rit de bon coeur.