Les Bien Aimés de Christophe Honoré

A l'ombre de Demy et de Truffaut, Christophe Honoré continue à tracer sa route romanesque en chansons.

Car il s'agit bien de romances, des années soixante aux années deux mille.

Le générique, on dirait "l'homme qui aimait les femmes" de Truffaut, et pourtant, Dieu, que le réalisateur photographie bien les hommes..D'ailleurs, son Jean Pierre Léaud à lui, serait-ce Louis Garrel? Toujours les machoires serrées et l'arrogance innée.

Pour Demy, le lien est tout trouvé, grâce à Catherine Deneuve, mais les chansons ne sont pas aussi musicales  que dans l'univers de Demy. Même si elles trouvent leur place dans l'action.

L'insoutenable légèreté de l'être de Madeleine et Jaromil en 1964, qui va buter sur les chars russes dans Prague en 1968 va se poursuivre, en dépit de leur divorce, et leur fille assiste en direct à leurs continuelles retrouvailles. Milos Forman était tout désigné pour être le Jaromil âgé, et on sent qu'il se régale...

Cette fille, elle, sera beaucoup moins légère, elle sera au contraire pesante, incapable de légèreté, et finira mal sa vie le jour où les tours vont s'écrouler à New York.

Mourir d'amour? Vivre d'amour? Les questions sont posées, et il n'y a pas de réponse, car chacun vit sa vie différemment.

Chiara Mastroianni explose dans ce film où elle joue auprès de sa mère. Elle est belle et émouvante. Sa passion pour son américain homosexuel (Paul Schneider qu'on avait vu dans Bright Star) est difficile à comprendre, comme si l'amour ne pouvait être qu'impossible, alors qu'un amour possible était si proche d'elle.

Tous ces personnages semblent en dehors du temps, même s'ils sont ancrés dans leurs époques diverses, par les modes vestimentaires, le film tient du conte de fées par moment....Mais on est quand même émus...Et puis l'on voyage, de Prague à Montréal, et beaucoup autour de la Gare du Nord. Symbole des voies qui se croisent et vont à l'infini?

On n'attendait pas de Michel Delpech une aussi jolie performance pour son premier rôle. Il est excellent!