Rengaine de Rachid Djaïdani

Roméo et Juliette autour des Abbesses?

Dans ces rues du 18° arrondissement qui sont en constant brassage ethnique, dur, dur de s'aimer quand on est une beurette et un renoir! Car contrairement à ce qu'on pourrait croire, si tout le monde vit avec tout le monde, si on a des copains noirs ou beurs, on n'est pas prêts à laisser la petite soeur se marier avec qui elle veut!

Et elle a du caractère, la petite qui s'accroche à son rêve et envoie sur les roses ses 40 voleurs de frères!

Le chéri est comédien, ce qui nous fait voir au passage la place des acteurs noirs dans le cinéma français, où ils sont utilisés non pas comme des êtres normaux, mais comme des symboles. La scène de torture est à la limite du supportable, mais se termine sur une pirouette gagesque qui permet de respirer!

On a droit à toutes les formes de racisme, entre communautés, qui d'ailleurs, la plupart du temps ne se rendent même pas compte de ce qu'ils disent et des soi-disant traditions qu'ils défendent! Le frère homosexuel qui a été rejeté par la famille, et un grand moment de comique, l'enquête dans la rue autour de la Gare du Nord....

Avec tous les clichés possibles et imaginables, dans les bouches des personnages qui ont bien du mal à mettre une pensée dans tout ça. Et le grand frère, celui qui mène la danse du début à la fin du film, on n'apprend que très tard qu'il est amoureux d'une juive!

Bref, côté brassage, on est servis! Une bonne claque à tous les à prioris!

Par contre, un peu de mal avec la partie formelle du film et les mouvements de caméra qui ne savent pas trop où ils vont, les énormes gros plans des points noirs et des boutons, même si en contrepartie, il y a parfois de jolies images, comme celle de la chanteuse ou les vues des quais et des manèges.

Dommage, parce que ça perturbe un peu le plaisir que l'on éprouve devant un film qui traite enfin des vrais problèmes!