Gare du Nord de Claire Simon

Un film bouleversant par son sujet, la gare du Nord, cet endroit protéiforme, gigantesque, d'une grande beauté, et contamment envahie par une foule toujours courant, mais aussi par les histoires racontées.  Et puis, il y a les lumières, avec, par moment, des références à Hopper, dans les cadrages et les couleurs.

Quatre histoires se téléscopent, toutes dramatiques, une femme vieillissante atteinte d'un cancer, pour qui la gare est un lieu de passage entre son quotidien et le tratement sensé la soigner, un étudiant qui fait des enquêtes pour la RATP pour pouvoir finir son doctorat de sociologie dont le sujet est la Gare du Nord, un père qui cherche sa fille qui a fugué et qui est sût de la retrouver là, et cette jeune femme qui attend sans arrêt dans la gare, un client ou son patron, sa famille qui habite à Lille.

Mais le film ne se limite pas à ces quatre histoires, puisque le prétexte de l'enquête d'Ismaël nous fait croiser les destins de ceux qui travaillent dans la gare, de la dame pipi à la vendeuse en lingerie, du marchand de bonbons aux vigiles...

Par moment, on a l'impression d'un documentaire, mais on oublie vite, tant les personnages que nous cotoyons sont forts, profonds, dignes de respect.

Et les acteurs sont prodigieux, Nicole Garcia qui vit son dernier amour en attendant de mourir, Reda Kateb en jeune homme qui tombe amoureux d'une femme vieillissante, François Damiens en père qui s'interroge sur ses relations à sa fille et s'angoisse de sa disparition, et il y a la merveilleuse Monia Chokri, dont le visage exprime tellement de choses..

On ne sort pas indemne de cette projection, et les images d'une grande beauté nous suivent encore.