Le temps des Cendres de Jorge Volpi

Cinq cent pages sans amour, sans tendresse, sans espoir, sans air...
Un monde de désillusions, de commerce, où la science soutient les pires ambitions, les pires destructions, où l'amour est remplacé par le sexe, la conscience politique par l'ambition, la relation au monde par l'automutilation...
Livre très complexe qui couvre historiquement la période de 1929 à 2000 en Russie et aux Etats Unis, au travers de destins croisés autour de recherches scientifiques réelles ou fictives. Le communisme, sa bureaucratie, ses prisons, sa chute et ceux qui en ont profité...

Très documenté, très structuré, avec un début difficile, en raison du foisonnement des personnages, et du fait que leur relation n'est expliquée qu'au fur et à mesure.

Tout au long du livre, j'ai eu l'impression que l'auteur avait relu l'Illiade avant de composer son livre, chaque personnage important ou lieu important est toujours accompagné, comme chez Homère, d'un qualificatif : Moscou aux larges rues, Gorbatchev le pasteur d'hommes, Sakharov, porteur de lumière, Ieltsine aux bras forts, Washington, axe du cosmos...
Comme si tout le livre n'était qu'une immense tragédie grecque! ou plutôt soviético-américaine...
Pas un seul personnage qui attire la sympathie! On a l'impression qu'ils se regardent vivre, tout en ne s'aimant pas, et en n'aimant personne!

Et pourtant, ce qui pourrait être indigeste à force  constitue un beau livre, très long et très douloureux à lire, mais qui reste dans l'imaginaire. La marque du bon livre!