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danerard's blog
30 novembre 2008

L'antichambre de Jean Claude Brisville

Mme Du Deffand (Danièle Lebrun) aristocrate brillante, s'ennuie et tient salon, où son esprit acéré séduit.
Elle a connu la Régence, où tous les plaisirs étaient possibles, et maintenant, vieillissante, entretenant depuis des années une liaison avec le président Hénault,(Jean Claude Bouillon), ce qui fait de leur relation un presque mariage, basé plus sur l'estime réciproque et le goût du bon mot que sur l'amour. D'ailleurs, ce sentiment semble exclu du vocabulaire de la marquise, qui préfère les notions de plaisir et le raffinement de la langue française.

l_antichambreComme elle commence à subir les assauts d'une cécité qui la prive du plaisir de lire, elle ramène avec elle sa nièce (par la jambe gauche) Julie de Lespinasse, pour lui servir de lectrice et d'accompagnatrice, se disant q'une jeune fille provinciale lui sera reconnaissante de l'introduire dans les milieux intellectuels les plus brillants de la société parisienne.

Et par là même, elle introduit le loup dans sa bergerie.
Car Julie,(Sarah Biasini) c'est la première romantique, dans un monde où le romantisme n'existe pas encore.

C'est la fin du règne de Mme de Pompadour, et le triomphe des grandes idées des encyclopédistes,  des philosophes des lumières, ce passage de la royauté triomphante au triomphe des idées.

Sur fond d'affaire Callas, Julie, jeune et belle, intelligente, cultivée, va bientôt détroner sa tante, et créer son propre salon, dans lequel viendront ceux qui faisaient l'attrait de celui de Mme du Deffand. Et elle va vivre des passions amoureuses, alors que sa tante n'avait que des liaisons sans amour.

La pièce est donc  la description de  la relation entre les deux femmes qui nait, s'épanouit et se termine sur des sentiments qui sont loin d'être amicaux.

C'est la langue du 18°siècle, son sens du bon mot, de l'élégance, le moment où disparaît une civilisation incarnée par une marquise vieillissante qui devient aveugle, passage hautement symbolique de ce monde qui meurt et s'aveugle devant la montée des idées nouvelles, et le passage à un monde nouveau, incarné par une jeune femme qui tient là sa revanche sur une naissance et une jeunesse sans éclat, comme ces temps nouveaux qui naissent.

Le décor ressemble aux décors reconstitués au musée du Petit Palais, avec ses boiseries, ses commodes, ses fauteuils, et surtout ces miroirs, très symboliques d'un monde d'illusions. La fin, le décor qui rétrécit autour de la marquise abandonnée, n'est pas inintéressante. Quant aux robes portées par les deux magnifiques actrices, elles sont superbes, car avec une robe chacune, en ajoutant un détail, un gilet, un foulard, elles peuvent changer de scène, en donnant l'impression d'avoir changé de costume.

Elégance, raffinement, intelligence, une soirée très 18° siècle.

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Commentaires
S
Trés belle pièce qui nous fait redécouvrir une langue française sublime. A voir et revoir. Un bravo spécial à Sarah Biasini qui réussit face à deux monstres sacrés du théatre à "exister". J'adore l'Antichambre et je ne me lasse pas d'y pénétrer... Seul regret, que Roger Dumas ne fasse pas la tournée. Jean-Claude Bouillon est quelque peu fade dans son personnage...
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