Le Voyage de Gérald Aubert

Deux comédiens en scène, un décor minimaliste dont ils sont les machinistes, un écran qui projette des diapositives pour situer l'action dans l'espace, le "voyage".
Bref, rien de plus simple, de plus dépouillé.

Pour un texte magnifique.

Le père demande à son fils de l'emmener à Dachau, où il fut déporté en 1943, et où il est resté jusqu'à la fin de la guerre. Ancien résistant, il a beaucoup parlé de son passé à son fils qui, au bout de cinquante ans, n'en peut plus de l'entendre...
Et dans la première scène, les deux personnages s'opposent, le vieux grincheux, réac, anti boche, et le jeune, pan européen, souhaitant essentiellement jouir de la vie, même si sa vie lui semble un peu terne..

Et au fur et à mesure des scènes, qui sont les étapes du voyage, restaurant, hôtel, ils apprennent à parler ensemble.
Petit à petit, le père dévoile à son fils le vrai but du voyage, le secret qu'il cache depuis cinquante ans...
La mère, qui vient de mourir devient alors de plus en plus présente.

Son fils apprend qu'elle n'avait jamais parlé de son passé de résistante,  ni de sa déportation à Ravensbrück, puis à Dachau...

Et pour cause, puisque le fils n'est pas le fils du père qu'il a en face de lui, qui l'a élevé et qui lui a donné son amour, mais le fruit d'un viol par un SS, à Dachau.

Le but du voyage, c'était cette révélation, cette part allemande, cette filiation. Qu'elle soit faite sur les lieux mêmes du crime n'en donne que plus de poids à la vérité enfin révélée.
Mais tout est bien qui finit bien, et c'est en père et fils qu'ils vont visiter ensemble le camp où tout à commencé.

Un texte d'une grande intelligence, d'une grande sensibilité, et d'une grande tolérance, servi par deux excellents comédiens : Jean claude Bourbault et Laurent Collard.